Menu
Libération
Reportage

Cahin-chaos sur les routes de Bolivie

Article réservé aux abonnés
Des véhicules hors d’âge, trafiqués et surchargés, de dangereux lacets en altitude, des chauffeurs imprudents… Les accidents mortels sont légion au pays d’Evo Morales.
Un minibus sur «la route de la mort», au nord de La Paz. (AFP)
publié le 17 mai 2013 à 19h06

C'est un chemin de terre majestueux qui serpente à flanc de montagne, très loin d'ici, en Bolivie. Il porte plusieurs noms. Sur la carte, on le trouve à «route des Yungas» mais tout le monde ici l'appelle Camino de la Muerte, la «route de la mort». Il y a cinq ans encore, des bus bondés l'empruntaient pour relier La Paz à Coroico, un village échoué aux portes de l'Amazonie, 70 kilomètres plus loin.

Dans des histoires qui parlent de périple rythmé par le murmure des prières, les survivants témoignent. Roger, revenant d'un aller-retour en 2003 : «La peur vient dès le départ, quand le chauffeur nous réunit devant le moteur. Il verse quelques gouttes d'alcool sur les pneus, de la Singani, puis il boit une rasade, il en verse au sol, dit une prière à la Pachamama [la déesse de la terre mère, omniprésente en Bolivie, ndlr], se ressert une lampée, plus longue celle-là, et on y va.»

La suite est racontée par Franck, 26 ans. «Les premiers kilomètres, ça va. Mais arrive un moment où l'on quitte l'asphalte pour une corniche, et là, c'est l'enfer. Il y a à peine la place pour une voiture, mais les bus se croisent dans les virages, alors il faut reculer. Parfois, on ne voit pas les roues, on espère qu'elles touchent encore le sol, mais on n'en sait rien. Surtout, il y a les pleurs. Les étrangers, les Boliviens de la ville ou les Indiens, tout le monde chiale en silence. On essaye de se rassurer malgré tout, on se dit que le chauffeur fait le trajet deux ou tr