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Critique

Comment l’Egypte a perdu l’usage de ses facultés

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Le monde arabe en ébullitiondossier
publié le 17 mai 2013 à 21h06

Fruit dans un premier temps d'une thèse, qui procède d'une longue analyse des mutations égyptiennes à partir des premières bases d'enseignement du XIXe sous le règne de Mohamed Ali, fondateur de l'Egypte moderne, jusqu'à la chute de Moubarak, Egypte d'une révolution à l'autre, écrit dans une langue claire, a été enrichi à la lumière des événements révolutionnaires de 2011. Le constat, au bout de ces 300 pages, est que le système universitaire égyptien, malade d'une bureaucratie cinglée, de plus en plus dévoré de l'intérieur par l'obscurantisme islamiste, est drôlement malade. Le lecteur découvre pourtant une Egypte, alors sous occupation anglaise, au moment de la création de l'Université libre du Caire (1908), fascinée par les influences culturelles et scientifiques françaises et anglaises. Une Egypte où les cerveaux s'exportaient comme des machines outils vers la Sorbonne ou Oxford.

La place laissée par les Français et les Britanniques sera d'ailleurs partiellement occupée par les Américains (et l'American University in Cairo). Jusqu'à l'époque nassérienne, les modèles d'enseignements ont été calqués sur l'Occident. Mais la révolution de 1952, qui porte Nasser au pouvoir, est marquée par l'influence soviétique et une volonté «de former en masse», souligne Eva Saenz-Diez. Cette période nassérienne est aussi marquée par la chute du niveau de l'enseignement supérieur, surtout en sciences humaines, notamment par l'éviction des remarquables intelligen