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Libération
Interview

Le cinéma a tant aimé Rome

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publié le 17 mai 2013 à 19h06

En attendant la Grande Bellezza, de Paolo Sorrentino, en compétition à Cannes mardi, Aurélien Delpirou, spécialiste de l’Italie, reconstruit à travers les lieux de tournage une géographie de Rome, ville malheureusement pas éternelle du cinéma.

Comment le cinéma s’est-il développé à Rome ?

Si Milan concentre la plupart des institutions culturelles, le cinéma s'est initialement développé et épanoui à Turin. Un certain nombre de tournages ont toutefois lieu à Rome, notamment des films historiques sur l'Empire romain et les quelques films de genre comme la Prise de Rome. Il faut attendre la création de Cinecittà par Mussolini, en 1937, pour que Rome devienne la capitale du cinéma italien.

Est-ce le premier lieu dédié au cinéma ?

Il s'agit en quelque sorte d'une adaptation de l'idée des studios hollywoodiens à la mode romaine. La modernité technique des installations est comparable, voire supérieure, à celle des studios californiens, Cinecittà est d'ailleurs rapidement surnommée «Hollywood sur Tibre». Mais à la différence du site californien, ce ne sont pas juste des studios : on assiste à l'installation d'un véritable centre industriel et urbain de plus de 60 hectares consacré au cinéma. En plus de l'équipement cinématographique, il y a des infrastructures publiques comme une crèche, un gymnase, des jardins, une école de cinéma, des hôtels… Le tout dans une configuration grandiose, typique de l'architecture rationaliste du fascisme. La création de Cinecittà et son implantation à Rome sont des choix très politiques : les studios constituen