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Récit

Damas et Moscou : la croix et la bannière des chrétiens syriens

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Sur fond de montée en puissance des jihadistes, le régime et son allié russe cherchent à instrumentaliser les Eglises en s’érigeant en protecteurs.
publié le 19 mai 2013 à 20h06

Des émissaires en soutane se révèlent plus précieux et efficaces pour le régime syrien que les plus talentueux des diplomates. Patriarches, évêques, sœurs et pères des différentes Eglises d’Orient multiplient les visites dans les capitales occidentales pour dire la peur des chrétiens pris dans la tourmente syrienne. Ils sont bien accueillis et écoutés, au moment où la radicalisation de la rébellion armée dans le pays a sensiblement entamé la sympathie de l’opinion pour les opposants à Bachar al-Assad.

Péril. Reçus dans les ministères, les chancelleries, les Parlements comme dans les églises et les paroisses, ils tiennent des prières et des conférences organisées par les différents relais d'une opinion européenne mobilisée pour la cause des chrétiens d'Orient menacés par le péril islamiste. Si certains, comme le père Elias Tabé, archevêque syriaque catholique de Damas en visite à Paris, en avril, vont jusqu'à affirmer que «le discours de Bachar al-Assad est juste» et que 100 000 morts, «ce n'est pas le problème», d'autres parlent moins directement. Dans leur digne rôle d'hommes de foi, ils prient pour la paix en Syrie et appellent à la coexistence et au dialogue… avec le président syrien.

Les liens entre les représentants des Eglises et le régime se sont construits de longue date. «C'est une politique d'achat méthodique développée depuis l'époque de Hafez al-Assad», raconte Ayman Abdelnour, bien placé pour le savo