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Portrait

Erythrée : Issaias Afeworki, héros devenu dictateur

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Le Président, ancien chef rebelle de 67 ans, parfait arabophone et bon orateur, au pouvoir depuis l’indépendance en 1993, est de plus en plus décrit comme omnipotent et instable mentalement.
par AFP
publié le 23 mai 2013 à 18h06

Le président, Issaias Afeworki, au pouvoir depuis l’indépendance de l’Erythrée en 1993, est passé du statut de héros vénéré de trente ans de guerre de libération à celui d’impitoyable dictateur brisant toute voix dissidente et ayant isolé son pays des bords de la mer Rouge du reste du monde. Issaias, 67 ans, n’a pas toujours été le «dictateur isolé et lunatique» décrit dans un câble diplomatique américain de 2009 révélé par Wikileaks. Dans sa jeunesse, il fut un remarquable chef rebelle, qui tint tête à la puissante armée éthiopienne, tour à tour soutenue par les Etats-Unis et l’URSS.

Modèle d'espoir en Afrique

A son indépendance, le 24 mai 1993, l'Erythrée est vue comme un modèle d'espoir en Afrique par certaines puissances occidentales. Dans les années 90, le président américain Bill Clinton citera Issaias Afeworki parmi les «dirigeants de la renaissance» du continent. L'enthousiasme s'évanouit vite : le président érythréen, admirateur de Mao depuis qu'il a suivi une formation politique en Chine durant la Révolution culturelle, renforce le pouvoir du parti unique, le Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ) et dans les années 2000, soutient divers groupes rebelles de la Corne, notamment les islamistes somaliens.

Issaias Afeworki est né en 1946 dans une famille chrétienne à Asmara, capitale de l’Erythrée, ex-colonie italienne alors passée sous administration britannique durant la Seconde Guerre mondiale. Parti faire des études d’ingénieur à Addis Abeba, il rentre à 20