A 12 ans, elle travaillait dans le textile. A 18, ses employeurs la blacklistaient en raison de ses activités syndicales. Kalpona Akhter, 36 ans, dirige le Centre pour la solidarité des travailleurs du Bangladesh, une organisation non gouvernementale créée en 2000.
Dans l’émotion provoquée par l’effondrement de l’usine textile du Rana Plaza qui a fait 1 127 morts le 24 avril, certains consommateurs parlent de boycotter le «made in Bangladesh»…
Surtout pas ! Arrêter d’acheter, ce n’est pas la solution. Ce serait suicidaire pour notre pays ! Sur les 4 millions de travailleurs dans le textile, beaucoup perdraient leur job. Ne boycottez pas ! S’il vous plaît, continuez à acheter nos habits. Mais faites entendre votre voix : mettez la pression sur les grandes marques occidentales pour que toutes signent l’accord sur la sécurité. Dites à vos gouvernements qu’il faut que les syndicats puissent s’organiser au Bangladesh. Avec des syndicats, on n’aurait pas eu ces catastrophes : ils se seraient opposés aux patrons, auraient négocié sur les conditions de sécurité.
Le pape a comparé les travailleurs du textile à des «esclaves».
En un sens, ça peut être vrai : ce sont les ouvriers les plus mal payés du monde. On ne sait pas comment ils survivent avec si peu et, en plus, on les envoie mourir sur leur lieu de travail… Cela dit, ils n'ont pas envie d'être traités d'«esclaves». Il y a une question de dignité. Et nous avons besoin de ces jobs.
80% sont des femmes…
Avant, elles étaient à la maison, réduites aux tâches ménagères, parfois victimes de violences conjugales. Maintenant, pour elles, un job dans le textile est une source d'«empowerment» : elles accèdent à un emploi, et même si la paye est misérable, elles peuvent devenir en part