Il a posé sa machine à écrire sur une petite table protégée d’un parasol, dans le parking du ministère israélien de l’Intérieur, à Jérusalem. Pour 20 shekels, il traduit les documents officiels qui permettent aux Palestiniens de la ville de déposer une demande de citoyenneté israélienne. Et ces dernières années, sa machine à écrire n’en finit pas de cliqueter. Depuis 2008, quelque 3 600 Palestiniens hiérosolymitains ont brisé le tabou du boycott et sont passés du statut de résidents permanents à celui d’Israéliens.
C'est le cas de Mounir. Né à Jérusalem il y a vingt-cinq ans, ce jeune comptable qui parle parfaitement l'arabe et l'hébreu est devenu Israélien l'an dernier. Rue Salah el-Din, l'artère principale de la ville nouvelle arabe, il suçote un cappuccino en racontant son histoire : «C'est surtout pour éviter de demander des visas à chaque fois que je sors du pays, que j'ai demandé la citoyenneté. Je pensais aussi que ça me permettrait d'accéder à certains emplois.» Mais le jeune homme se dit déçu du résultat : «Quand je me présente à un poste de travail en montrant mon passeport israélien, on me demande si j'ai fait mon service. Et moi, je n'ai pas fait l'armée.»
Dans un rapport sur la Jérusalem arabe, l'ONG International Crisis Group constate qu'aujourd'hui, la partie est de la ville est un «territoire rude et en colère». Ofer Zalzberg, l'un des auteurs de l'analyse, observe que «la situation des Palestiniens à Jérusalem-Est est très vulnérable. Ils