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Libération

Le «hartal», grève générale à la bangladaise

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publié le 29 mai 2013 à 21h06

En général, les Bangladais l'apprennent la veille : «Demain, c'est hartal.» Grève générale. Les automobilistes ne circulent plus dans le centre de Dacca, la capitale, de peur d'être caillassées ou brûlées. Les bureaux ferment, les commerces tirent les rideaux. C'est ville morte, et les plus pauvres, privés de leurs revenus du jour, sont les plus touchés. Des groupes d'activistes, parfois payés pour semer le désordre, courent les rues, attaquent les rickshaws et les bus qui osent circuler, brûlent des pneus, affrontent la police. Depuis le début de l'année, on compte 32 hartals qui ont fait 100 morts. Dimanche, il y a eu hartal, hier aussi. Pas de répit. Seul avantage : les jours de grève, les bouchons disparaissent dans cette mégalopole à la circulation infernale. Mais le patronat s'inquiète : chaque hartal ferait perdre 160 millions d'euros à l'économie, ce qui réduira le PNB de 3 à 4 points d'ici à la fin de l'année. Le système éducatif craque : des examens ont été reportés plusieurs fois, certains élèves ont débuté le leur à minuit. Les profs font cours pendant les vacances et les week-ends, mais cela ne suffit pas. Tout le monde râle, mais rien n'y fait : hartal il y a eu, hartal il y aura.

Car le hartal, initié par Gandhi comme moyen de protestation non violente contre l’occupant britannique, est le moyen usuel d’expression politique de l’opposition, la violence en plus. En cette année préélectorale, le Bangladesh Nationalist Party (BNP) et son allié du Jamaat-e