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TRIBUNE

Ce que «sioniste» veut dire

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publié le 30 mai 2013 à 19h06

Le terme de «sioniste» est fondamentalement simple, clair, facile à définir, à comprendre et à justifier. Cependant, au cours des vingt, trente dernières années, ce terme s'est transformé en une notion des plus confuses. La droite l'ajoute comme une sorte de crème chantilly pour améliorer le goût de mets douteux, tandis que la gauche l'envisage avec crainte comme une sorte de mine susceptible d'exploser entre ses mains, qu'il convient de neutraliser avec toutes sortes d'ajouts bizarres, du genre «sionisme raisonnable» ou «sionisme humaniste».

A l'étranger, dans les cercles critiques à l'égard d'Israël, le sionisme sert de poison à l'aide duquel chaque argument à l'encontre de l'Etat hébreu se voit aggravé. Pour certains critiques, la solution pour l'avenir de ce pays est même dans la «désionisation» de son identité. Pour les ennemis jurés d'Israël, sioniste est un vocable diabolique, un qualificatif péjoratif remplaçant le mot «israélien» ou «juif». Les membres du Hamas parleront du «soldat sioniste prisonnier», et le Hezbollah et l'Iran se référeront à «l'entité sioniste criminelle» et non à Israël.

Dans ces conditions, il faut tenter de définir de façon réaliste le terme sioniste. Tout d'abord, il convient de se rappeler que ce terme est né à la fin du XIXe siècle. Cela n'a donc aucun sens de définir par ce mot le poète Yéhouda Halévy de sioniste, lui qui œuvrait au XIe siècle en Espagne, ou un juif quelconque immigré