Gérard Chaliand n'est ni un géopoliticien en chambre ni un stratège de salon ; il a parcouru tous les terrains des guerres irrégulières, de l'Afghanistan au Kurdistan, dont il est un spécialiste sans rival de l'histoire et de la culture. Fort de ses voyages, de ses études et de son expérience, il livre un ouvrage stimulant et dérangeant sur «le nouvel ordre du monde».
Avec le sinologue Michel Jan, il dessine les contours des nouvelles puissances, des peuples autrefois colonisés et dépassés qui deviennent les nouveaux maîtres du monde, les nouvelles puissances de l'économie globale. «Nous vivons la crise du monde développé dans le contexte d'un nouvel équilibre largement ébauché où l'Asie, Chine en tête, suivie de l'Inde et des nouveaux émergents comme le Brésil, l'Indonésie et le G20 pèseront bientôt plus lourd que le G7», écrit Chaliand.
Ce renversement de perspective bouscule et transforme les rapports de force nés de la dernière guerre et de la guerre froide et que l'Occident croyait à tort pérennes. Bon connaisseur des Etats-Unis, Chaliand se garde pour autant d'enterrer ce pays qui reste la première puissance mondiale. «Les Etats-Unis sont une société dynamique, innovatrice, ouverte et adaptable» , note notre géopoliticien qui souligne l'avancée technologique notamment dans le domaine militaire de Washington. Il reste en revanche très critique sur l'économie du pays, dominée par la finance et en mal d'investissements dans les infrastruc