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Libération
Reportage

Tiananmen, étouffé depuis vingt-quatre ans

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Chine. Des dizaines de personnes sont surveillées à l’approche de la date anniversaire de la répression.
Place Tiananmen à Pékin ce 3 juin. (Photo Kim Kyung Hoon. Reuters)
publié le 2 juin 2013 à 20h56
(mis à jour le 4 juin 2013 à 9h33)

«Les guobao [la police politique, ndlr] sont à ma porte et ils me prennent en photo chaque fois que je sors», raconte la militante démocrate Liu Shasha. Comme chaque année à l'approche de l'anniversaire de la répression du mouvement étudiant de Tiananmen, dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, des dizaines, voire des centaines de personnalités opposées au pouvoir - artistes, écrivains, parents de victimes - sont placées sous haute surveillance.

Typiquement, une dizaine de policiers en civil viennent camper jour et nuit dans le hall de l’immeuble du «suspect» pour dissuader ses amis de lui rendre visite et lui emboîter le pas s’il ose s’aventurer à l’extérieur. A Pékin, l’écrivaine tibétaine Tsering Woeser, le militant Hu Jia, le démocrate Zha Jianguo, entre autres, sont soumis à ce régime de résidence surveillée depuis deux jours au moins. D’autres ont été convoqués au poste, interpellés et menacés. Certains, tel le dissident Gao Hongming, ont été envoyés sous bonne escorte et aux frais de la police en «vacances forcées» dans des villégiatures éloignées, où ils se retrouvent privés de téléphone et d’accès à Internet.

Ecrasés. Ces mesures, mobilisant des milliers de policiers à Pékin, ont pour objectif d'éviter toute forme de commémoration de la répression du mouvement démocratique de Tiananmen par l'armée. Celle-ci se solda, il y a vingt-quatre ans, par la mort d'un millier de personnes, tuées par balle ou écrasées par les cha