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Libération
Reportage

Au Mali, «les gens iront voter, mais malgré eux»

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Les Bamakois sont sceptiques sur le résultat de la présidentielle, fixée au 28 juillet, qui pourrait signer le retour des vieux caciques.
publié le 3 juin 2013 à 20h16

Dans le quartier Missira, près de l'hippodrome, François Hollande compterait-il moins d'admirateurs qu'il y a cinq mois ? Aboubacar Sy est instituteur dans la commune II de Bamako. Il a 52 ans. Il «survit», dit-il. Aboubacar a été plusieurs fois président d'un bureau de vote de son quartier. «Dans un pays si pauvre, une enveloppe suffit à corrompre les assesseurs et… le président du bureau. Mais le plus douloureux, pour certains Maliens, c'est de se voir aujourd'hui en obligés des décisions de Paris, qui nous dit : "la démocratie passe demain par le premier tour de l'élection présidentielle, le 28 juillet". Mais quelle démocratie ?» s'emporte-t-il. Aboubacar assure «qu'il faudra évidemment que Kidal soit d'abord libéré des gens du MNLA», le Mouvement national de libération de l'Azawad, groupe rebelle touareg. Pour l'instituteur, «jamais une élection n'a été fiable au Mali, et cela ne changera pas demain. Mais vouloir la précipiter au 28 juillet dédouane la France, qui ne sait pas comment sortir de l'après-intervention du Mali». En janvier, il l'avait pourtant applaudie. Aboubacar dit qu'il ira voter, mais combien se rendront aux urnes ? demande-t-il en désignant du menton son voisin, avec qui il «boit le thé».

L'instituteur pointe aussi«la rupture entre les partis qui se sont toujours partagé les bonnes places ou ont conduit le pays dans le chaos, et le peuple qui vit toujours dans la misère». Selon lui, une élection «