Alors que des milliers de personnes continuent de se réunir sur la place Taksim d’Istanbul, devenue le symbole de la contestation turque, les affrontements ont repris, hier après-midi, quand la police a dispersé par des jets de grenades lacrymogènes un cortège d’un millier de jeunes et d’étudiants. La nuit avait aussi été marquée par de violentes échauffourées lorsque des manifestants ont tenté de marcher vers les bureaux stambouliotes du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, homme fort du pays depuis dix ans. L’autoritarisme croissant d’Erdogan cristallise la colère de la rue, dans la métropole du Bosphore et à Ankara, la capitale, Izmir (ouest) et Adana (sud). Mais c’est désormais la question du bilan des cinq jours d’affrontements qui alimente la polémique. Rien à voir entre les chiffres officiels, outrageusement minimisés, et ceux recueillis par les ONG.
Jeep. Alors que le ministre de l'Intérieur, Muammer Güler, annonce 115 policiers et 58 citoyens blessés, le Conseil central de la chambre des médecins (TTB) publie la liste des 1 740 personnes traitées et soignées dans les hôpitaux. Parmi elles, au moins 17 manifestants grièvement touchés et deux dans un état critique. Deux personnes, surtout, auraient été tuées dans les affrontements. Mehmet Ayvalitas, 20 ans a été écrasé par une jeep fonçant sur des protestataires qui bloquaient une autoroute, selon la TTB. A Ankara, une femme frappée à la tête par une cartouche de gaz lacrymogène