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Libération
EDITORIAL

Bras de fer

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publié le 4 juin 2013 à 22h36

La «ligne rouge» a-t-elle été franchie en Syrie ? Il n'y a pas si longtemps, les Etats-Unis avaient fait de l'utilisation des armes chimiques la limite à ne pas dépasser pour Bachar al-Assad, en agitant le spectre d'une possible intervention contre le régime syrien. Aujourd'hui, la France dit avoir la «certitude» du recours au gaz sarin et, pour la première fois aussi clairement, Laurent Fabius a estimé hier soir que l'on peut réagir «de façon armée».

Mais que l’on ne s’y trompe pas. La vérité est qu’aujourd’hui, personne ne veut aller défier militairement le régime syrien. Washington, d’ailleurs, s’est empressé de préciser qu’il fallait plus de preuves avant de considérer d’autres options. Reprenant l’argumentaire selon lequel les attaques chimiques étaient à la fois isolées et localisées et ne pouvaient justifier une nouvelle guerre. Après deux ans d’un conflit qui a fait près de 100 000 morts, la communauté internationale, si longtemps impuissante, semble donc vouloir se raccrocher à une hypothétique issue diplomatique lors d’une conférence de Genève dont la date n’est pas encore fixée. Dans ce cadre, les armes chimiques, espère-t-on dans certaines capitales, seraient un moyen de pression supplémentaire sur Damas. Le danger pourtant est qu’à force d’atermoiements et de balbutiements, le réel vainqueur de ce bras de fer biaisé par Moscou soit l’indigne leader syrien. Le même qui n’hésite plus à fanfaronner et à faire un pied de nez à la planète entière en