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portrait

Mounir Sboui. Père et fier d’Amina

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Femen, la guerre des «sextrémistes»dossier
Ce médecin soutient sa fille, la première Femen tunisienne, plaidant la fragilité psychologique et une révolte légitime.
(Photo Nicolas Fauqué)
publié le 5 juin 2013 à 19h06

Dans le café où il a ses habitudes, à Tunis, Mounir Sboui prévient tout de suite : «Si je vous parle, c'est pour aider ma fille.» Il le répète comme un leitmotiv,craint qu'une parole malvenue ne desserve sa cadette. Mais le père d'Amina, connue comme la première Femen de Tunisie, veut faire passer un message «à l'opinion internationale» : «Ma fille est innocente. C'est une gamine qui a fait une petite faute, dont moi-même et la société sommes responsables.» Il attendait que «les voix sages» du pays l'expliquent, «mais personne ne l'a fait». Alors il y va.

Amina, 18 ans tout juste, avait choqué, en mars, en publiant des photos d'elle seins nus, sur Facebook, peints de slogans mutins : «Mon corps m'appartient, il n'est l'honneur de personne» ; «Fuck Your Morals». Colère des oncles, tantes, cousins, sœur. Sa mère, institutrice pieuse et conservatrice, était «au bord de la folie». Lui, «bien sûr» qu'il a eu «honte», mais a relativisé : «C'était une faute, pas un crime.» Il est sûr que, dans quelques années, elle regrettera son geste.

En conflit avec sa famille, la jeune femme, en internat depuis deux ans, avait alors été rapatriée de force au bercail, avant d’en fuguer un mois plus tard. Mais c’est à Kairouan (Tunisie), le 19 mai, que «Monna», comme la surnomme le paternel, s’est attiré les pires ennuis. Elle voulait, symboliquement, tenir tête aux milliers de jihadistes d’Ansar al-charia qui, ce jour