A l'heure des assignations en justice pour obtenir réparation de l'esclavage - celui de jadis, comme si de nos jours cette terrible oppression avait disparu de la surface de la terre -, on réclame à cor et à cri la création de «lieux de mémoire». En clair, des musées pour raconter ce que fut le marché de l' «ébène» et ce qu'il impliqua d'ignominies humaines. Pourquoi s'opposer à de tels projets quand on sait combien cette histoire est encore lacunaire ? Et donc grand- ouverte à toutes les tromperies rebattues pour épargner les maîtres, qu'ils fussent tyranniques ou non. On sait aussi, mais plus discrètement, que le trafic négrier fut «triangulaire» : Amérique, Europe, Afrique, dans le cadre sordide de l'offre et de la demande. Sans l'active participation des Africains qui vendaient aux marchands blancs leurs esclaves et prisonniers, le négoce n'aurait pas eu une telle ampleur. Le continent noir n'est d'ailleurs pas si pressé d'ouvrir cette boîte de pandore. A tort, car tout le monde serait gagnant à dire enfin le vrai. Pas si simple. Pour «mémoire», les travaux jugés scandaleux en 2005 de l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau sur la traite négrière intra-africaine, qui lui valurent des menaces de mort et une vilaine polémique. Les esprits sont-ils prêts à être dérangés désormais ? Acceptent-ils d'entendre la vérité, toute la vérité ? Dites "je le jure" ou avouez que vous préférez la sagesse de l'amnésie, de l'amnistie. Rien n'est pire qu'un comba
Éditorial
Captifs de l’amnésie
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publié le 7 juin 2013 à 22h56
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