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Libération
Vu de Turquie

Les supporteurs de Besiktas, piliers de la place Taksim

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Les ultras du club historique d'Istanbul, anars mais patriotes, sont en première ligne dans la contestation.
publié le 7 juin 2013 à 17h28

Chaque soir quand leur cortège de deux ou trois mille personnes pénètre sur la place Taksim éclate une immense ovation et la foule respectueusement s’écarte pour les laisser passer. Avec leurs maillots à rayures noires et blanches, les supporteurs de Besiktas sont l’un des piliers de la contestation, en première ligne dans les affrontements. Ils sont habitués à hurler en bloc, à agir en bloc, à cogner en bloc. Leurs vieux slogans de stade comme «flic enlève ton casque et ta matraque et montre si t’es un homme» sont repris en chœur par tous sur les barricades.

«La jeunesse turque est enfin sortie de sa léthargie politique», s'enthousiasme un des leaders de ces ultras que nous appellerons Ahmet. Il préfère rester anonyme, se sachant dans le collimateur des policiers. «Quand le peuple reculera et que tout sera fini, ils viendront nous prendre», soupire sans illusion, ce quadragénaire qui fut il y a une vingtaine d'années l'un des fondateurs de «Carsi» - littéralement le bazar - le groupe le plus déterminé qui a son quartier général dans le marché de Besiktas, quartier de la rive européenne du Bosphore.

La colline de Taksim est à moins de deux kilomètres et le stade historique de cette équipe de foot fondée en 1903, la plus ancienne de la ville, est en contrebas dominant le palais de Dolmabahce, qui fut celui des derniers sultans ottoman où le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a installé ses bureaux stambouliotes. Toutes les nuits s’y déroulent les échauffour