Menu
Libération
Reportage

Turquie : «Partout c’est Taksim, partout c’est la résistance»

Article réservé aux abonnés
Plusieurs milliers de protestataires ont réussi à passer la nuit dans le centre de la capitale Ankara, défiant la police.
publié le 9 juin 2013 à 12h28

Un simple parasol les a abrités des pluies de la nuit. Leur tente avait été confisquée par la police il y a une semaine, dès les première tentatives durement réprimées d’installer un campement dans le Kugulu park (parc aux cygnes) au centre d’Ankara, en Turquie.

«Nous venions tous les soirs, les flics nous chassaient vers minuit avec les gaz et les matraques. Ceux qui n'étaient pas en garde à vue revenaient le lendemain», raconte Baris, étudiant en linguistique qui avec deux copines de fac Sevil et Sena a enfin réussi comme des milliers d'autres protestataires à rester tout la nuit sur place. «La police est beaucoup plus dure à Ankara qu'à Istanbul parce que c'est le coeur du pouvoir», explique l'étudiant.

Maintenant, c'est fait : un second Taksim s'est installé à quelques centaines de mètres de la «grande assemblée nationale» au coeur même d'une capitale créée de toute pièce par Mustapha Kemal pour symboliser la rupture entre le vieux monde ottoman et la nouvelle République laïque inspirée du modèle jacobin.

Violents affrontements dans la nuit

Avenues tirées au cordeau, bâtiments bauhaus édifiées par des architectes allemands et autrichiens ayant fuit le nazisme, casernes encerclant les sièges des institutions républicaines et gigantesques statues de style réaliste-socialiste. «Partout c'est Taksim, partout c'est la résistance», clame une banderole entre deux géants de pierre sombres, un travailleur et un soldat, monument à la gloire de la fierté turque qui se dresse à Güven P