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Libération
Récit

A Istanbul, la place Taksim en état de siège

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Evacués le matin, les manifestants turcs sont revenus dans la journée. Hier soir, les heurts avec la police avaient déjà fait des dizaines de blessés.
publié le 11 juin 2013 à 22h26

Jusqu'au bout, une centaine de policiers casqués avec trois véhicules antiémeute ont tenté de rester autour de la grande statue à la gloire des combattants de la «guerre de libération» trônant au milieu de la place Taksim. Puis, en fin de journée, ils ont évacué les lieux sous les rires de la foule, alors que des milliers et des milliers de Stambouliotes convergeaient à 19 heures vers ce lieu, symbole de la contestation. «Toute cette opération à destination des médias n'a été qu'un coup d'épée dans l'eau, le peuple est revenu sur la place», raconte Hilar Aygun qui, depuis onze jours, campe dans le petit parc Gezi. Les drapeaux et les pancartes exigeant la démission du Premier ministre sont à nouveau là, autour de la place. Tous scandent : «Partout c'est Taksim, partout c'est la résistance !» Il est rayonnant et écœuré. «Erdogan dit qu'il veut discuter avec nos représentants et il emploie la force», s'indigne cet étudiant en technologie à l'université d'Istanbul, une écharpe du club de foot Galatasaray autour du cou.

Bulldozers. Il était là dès l'aube quand, à 7 heures 30, des centaines de policiers appuyés par des blindés équipés de canons à eau et à gaz ont lancé leur intervention, grenadant la place, occupant une à une les barricades des rues avoisinantes sans rencontrer de résistance. Puis les bulldozers sont entrés en action. Quelques échauffourées sur la place même, avec un petit groupe de manifest