Elle est nue. Elle porte seulement des bas noirs à pois un peu grossiers, des ballerines et un chouchou. Hormis des petites pointes de rouge, la photo est en noir et blanc, pas très belle, mais là n'est pas l'enjeu. Aliaa Elmahdy ne sourit pas, elle regarde l'objectif, sérieuse. Fin octobre 2011, la jeune Egyptienne poste cette image sur son blog. La place Tahrir est toujours en ébullition. Elle se présente comme étudiante en communication, «athée», «individualiste», et explique qu'elle se bat «contre une société de violence, de racisme, de sexisme, de harcèlement sexuel et d'hypocrisie». Sur Twitter, elle affirme qu'il n'y aura pas de révolution politique sans changement radical des mentalités.
Très vite, cette photo est reprise sur les réseaux sociaux. Une montagne de critiques s’abat sur la jeune féministe dans tout le monde arabe. Aliaa Elmahdy doit se cacher, avant d’être invitée à une conférence en mars 2012 en Suède et d’y rester, par sécurité. Elle a à peine 20 ans.
Un an et demi plus tard, nous la rencontrons à Paris, au Lavoir moderne, dans le XVIIIe arrondissement. Ce lieu abrite depuis quelques mois le camp de base des Femen. Le mouvement d'origine ukrainienne l'a contactée, l'Egyptienne a été séduite, les a rejointes. En décembre, à Stockholm, dans la neige, elles ont manifesté complètement nues pour protester contre la nouvelle constitution égyptienne. «La charia n'est pas une constitution», a-t-elle écrit sur son corps.
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