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Libération
Décryptage

En Turquie, le pari risqué d'Erdogan

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En faisant évacuer de force la place Taksim, le Premier ministre a fait le choix de la Turquie conservatrice contre la jeunesse occidentalisée.
Le Premier ministre Tayyip Erdogan s'adresse à ses partisans à Ankara, le 9 juin 2013. (© Umit Bektas / Reuters)
publié le 11 juin 2013 à 13h42

En ordonnant mardi à l’aube une opération de police sur la place Taksim, épicentre de la contestation contre son pouvoir depuis onze jours, le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan fait le choix de la force dans une escalade qu’il espère contrôler. Le point sur les raisons et les possibles conséquences de cette stratégie de la tension.

1 - Pourquoi l’escalade ?

Dès son retour vendredi de quatre jours de voyage officiel au Maghreb, Erdogan avait commencé à hausser le ton. Et, au fil des jours, ses propos sont devenus de plus en plus menaçants contre les contestataires. Il clamait ainsi dimanche dans une série de meetings entre l'aéroport d'Ankara et la capitale: «Notre patience est grande mais elle a des limites.» «Nous ne rendrons pas de comptes à des groupes marginaux mais devant la nation (…). La nation nous a amenés au pouvoir et c'est elle seule qui nous en sortira», lançait-il devant des foules chauffées à blanc scandant «La Turquie est fière de toi». Lundi soir, lors d'une conférence de presse, le vice-premier ministre Bülent Arinç – qui, comme le chef de l'Etat Abdullah Gül avait pendant l'absence du Premier ministre tenté de jouer la conciliation, s'excusant p