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Libération
TRIBUNE

L’étrange insularité algérienne

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par Karim Amellal
publié le 11 juin 2013 à 19h07

L’Algérie est un pays de paradoxes : le plus étendu d’Afrique par sa superficie et quatre fois plus grand que la France, il compte une population deux fois inférieure ; pays riche de 200 milliards de dollars de réserves de change, il entretient des inégalités croissantes et un chômage de masse ; pays doté de terres parmi les plus fertiles du bassin méditerranéen, il est contraint d’importer ses produits agricoles pour nourrir sa population. L’hospitalisation du président Bouteflika et les scénarios machiavéliques esquissés en coulisses traduisent un autre paradoxe, politique celui-là : le pays qui s’est libéré de la France grâce à une révolution est celui qui, dans le contexte révolutionnaire du «printemps arabe», semble le plus figé.

En dépit de ses heurts, la grande transformation qu’ont connue l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient au cours des trois dernières années a un nom : démocratisation ou au moins des embryons de démocratie qui émergent lentement du chaos.

L'Algérie, elle, semble avoir échappé à cette lame de fond. De violentes émeutes ont pourtant bien eu lieu en 2011 dans le sillage des événements survenus en Tunisie et en Egypte, mais le pouvoir a éteint les foyers d'incendie à grand renfort de programmes sociaux, de logements d'urgence et de quelques annonces de changement sans ampleur ni conséquences. Le pays ne s'est pas embrasé. Depuis plusieurs mois, des protestations et des grèves ont beau éclore au fil des mécontentements de la population, des chômeurs du Su