Il aurait pu miser sur l’inévitable pourrissement d’un mouvement composé en bonne part d’étudiants et de jeunes de la classe moyenne occidentalisée qui, bientôt, partiront vers les plages. Tribun au comportement d’autocrate, le Premier ministre islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, a préféré miser sur la force.
Pour le leader de l’AKP, qui, en un peu plus de dix ans a remporté trois élections législatives successives et deux référendums, il s’agit avant tout de reprendre en main un parti qui semblait hésitant et surtout de réaffirmer l’autorité de l’Etat. Il est convaincu d’avoir le soutien d’une majorité silencieuse, religieuse et conservatrice, qui depuis des années vote massivement pour l’AKP.
«Nous ne rendrons pas de comptes à des groupes marginaux mais devant la nation […]. Elle nous a amenés au pouvoir et c'est elle seule qui nous en sortira», avait-il lancé il y a deux jours à Ankara. Des thèmes repris hier dans un long discours très dur, devant le groupe parlementaire, trois heures à peine après l'intervention des forces de l'ordre place Taksim. La veille au soir, le chef de l'Etat, Abdullah Gül, qui sembla un moment se démarquer de l'intransigeance du Premier ministre, a finalement promulgué la loi sur la restriction de vente d'alcool, considérée par le camp laïc comme une menace directe à son mode de vie.
Stalinien. La stratégie de la tension imposée par Erdogan depuis son retour d'un voyage officiel de quatre j