Economie à la dérive, société atomisée : tel est l’état de la Grèce six ans après son entrée en crise. Le pays a ainsi connu une chute vertigineuse de sa richesse (-31% de produit intérieur brut, selon le Fonds monétaire international), et une glissade de 4,5% est encore attendue cette année. Ce n’est plus une récession, mais une dépression qui frappe la majorité des 11 millions d’habitants du pays.
La politique d'austérité drastique n'a permis aucun rebond. Pis, elle accélère la spirale infernale. «Le seul secteur qui a bénéficié d'un sauvetage, c'est celui des banques», résume Kostas Vergopoulos, professeur d'économie à Paris-VIII. Symbole du naufrage, le chômage frappe 28% de la population et 58% des jeunes de moins de 29 ans. «Avant la crise, la Grèce détenait déjà le record du taux de pauvreté dans la zone euro, rappelle Céline Antonin, de l'Observatoire français des conjonctures économiques. Il atteint 33% aujourd'hui, soit 10 points de plus qu'il y a cinq ans.»
Pharmaciens. La part des dépenses publiques dans le PIB n'a pas bougé en trois ans, flinguent ceux qui dénoncent l'immobilisme grec. Oui, à première vue, puisqu'elle est passée de 45,5% en 2010 à 45,4% l'année dernière. Mais la stabilité est trompeuse : les dépenses ont bien baissé, mais le PIB aussi. Résultat, c'est le rapport entre les deux qui reste inchangé. Les dépenses durant cette période ont fondu de 13 milliards d'euros (de 101 à 88 milliar