Son ombre, à la fois blanche et noire, a plané sur la courte campagne électorale. Une ombre blanche, couleur de son turban, parce qu'il est un homme invisible : on le voit peu, on l'entend encore moins. Une ombre noire, couleur de son aba (manteau) de religieux, parce que, même si sa candidature a été invalidée par le Conseil des gardiens (sorte de Conseil constitutionnel), c'est bien lui que l'on voit à la une de certains journaux ; lui dont les modérés et les réformistes attendent qu'il soutienne fermement leur candidat, le religieux Hassan Rohani ; lui, enfin, dont les adversaires craignent toujours le rôle occulte en coulisse. Alors que se déroule aujourd'hui le premier tour de l'élection présidentielle iranienne, l'ex-président Ali Akbar Hachémi Rafsandjani n'a jamais été aussi populaire, particulièrement auprès des jeunes de Téhéran, en dépit de ses 78 ans. Aussi, le camp des conservateurs modérés et des réformistes capitalise-t-il sur le nom de l'absent. A l'entrée du meeting de Hassan Rohani, au centre de la capitale, des militants distribuent des photos où on les voit assis côte à côte, avec l'impression qu'ils se chuchotent des secrets. Et, dans la salle bondée du gymnase où se déroule la réunion, des milliers de voix scandent «Rohani, Hachémi [Rafsandjani] !»
Porc-épic. Le second mandat de Mahmoud Ahmadinejad étant à ce point catastrophique sur le plan économique, la candidature de Rafsandjani, qui av