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Libération
TRIBUNE

L’AKP ou l’impossible alternance

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par Benjamin Gourisse, Post-doctorant à l'Ecole des hautes études en sciences sociales
publié le 13 juin 2013 à 19h06

Alors que le bilan des altercations en Turquie s’alourdit de jour en jour (4 morts et près de 5000 blessés), la reprise de la place Taksim par les forces de l’ordre et les déclarations du Premier ministre affirmant que le gouvernement ne montrerait plus aucune tolérance à l’égard des manifestants permet d’avancer des pistes sur l’avenir du mouvement social en cours.

Un premier développement consisterait en un recul du gouvernement sur les projets les plus contestés par les protestataires. Mais cette option semble peu envisageable, les avancées sociales conquises par la rue étant très rares dans l’histoire récente du pays. Le gouvernement dispose d’une large base électorale et d’une majorité confortable à l’assemblée lui permettant de camper sur une position de fermeté. Une autre évolution réside dans la radicalisation du mouvement, dont pourrait se servir l’AKP pour durcir ses positions à l’encontre de l’opposition. Il est impossible d’exclure la possibilité d’une confrontation entre des forces civiles pro-AKP et les protestataires, ce que les déclarations du Premier ministre évoquant sa difficulté à contenir ses sympathisants désireux d’en découdre avec les manifestants laissent envisager. La violence irrégulière permettrait à l’AKP de délégitimer le mouvement de contestation et d’introduire la division dans ses rangs. On entrerait dans une séquence que le pays a déjà connue à plusieurs reprises, quand des groupes arrimés aux partis au pouvoir usaient d’une violence irréguli