Avant de subir son premier interrogatoire, il est resté treize heures entassé avec une cinquantaine d'autres personnes dans un panier à salade prévu pour en contenir la moitié, garé dans la cour du grand centre de police de la rue Vatan d'Istanbul. «Rien à boire, rien à manger et aucun soin pour les blessés», raconte un étudiant raflé dans la soirée du 31 mai, comme nombre de badauds pendant les plus violentes échauffourées autour de la place Taksim. Une fois enregistrée sa déposition, il a été aussitôt libéré mais la procédure continue. «C'est une terrible pression psychologique car il ne sait pas si le parquet va classer l'affaire ou décider une inculpation et quel sera le chef d'accusation», explique Burcu Oztoprak, jeune avocate au barreau d'Istanbul, volontaire comme des centaines de ses collègues pour défendre les manifestants interpellés. Nul ne connaît leur nombre exact.
«On peut estimer qu'au moins un millier de personnes ont été à un moment ou un autre placées en garde à vue, assure Murat Cekic, représentant d'Amnesty International, confirmant que toutes ont été remises en liberté mais restent l'objet d'enquête. Dans un mois, dans trois mois, elles peuvent arrêtées chez elles, inculpées pour trouble à l'ordre public ou même au titre des lois antiterroristes», précise le représentant de l'ONG, rappela