Menu
Libération
Récit

En Tunisie, la justice s’acharne

Article réservé aux abonnés
Sept soutiens du rappeur Weld El 15, condamné jeudi à deux ans de prison, seront jugés lundi.
publié le 14 juin 2013 à 22h16

Deux ans de prison ferme pour une chanson. La justice tunisienne a eu la main lourde à l'encontre du rappeur Weld El 15. Elle veut maintenant frapper ses sympathisants. Jeudi, le tribunal de Ben Arous a condamné l'artiste de 25 ans pour «outrage à un fonctionnaire», «imputation de faits illégaux à un agent de la fonction publique sans en prouver la véracité» ou encore «atteinte aux bonnes mœurs et à la morale publique». Dans Boulicia Kleb («les flics sont des chiens»), Weld El 15, Alaa Yacoub de son vrai nom, dénonce les violences des agents et la persistance de l'Etat policier, malgré la chute de Ben Ali. Lui-même en a été victime : en 2012, il a passé neuf mois en prison pour simple consommation de cannabis, à l'image de milliers de jeunes Tunisiens. «Je rêve d'égorger un policier comme on égorge un agneau le jour de l'Aïd», chante-t-il, provocateur, dans le morceau diffusé sur YouTube quelques semaines après sa sortie. Le réalisateur et une figurante sont arrêtés par la police et écopent de six mois de prison avec sursis. Weld El 15, lui, prend la fuite. Il est condamné par contumace à deux ans ferme, tout comme quatre de ses amis rappeurs, au simple motif que leurs noms apparaissaient dans les remerciements du générique de fin. Ils sont relaxés quelques semaines plus tard.

Tribune. Weld El 15 se présente alors à la justice, espérant récolter la clémence du juge. Dans les médias, il plaide l