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Libération
TRIBUNE

Iran : la diaspora abasourdie

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par Shayin Shojaei, Citoyenne iranienne exilée
publié le 17 juin 2013 à 19h06

«Rohani est élu et vous êtes satisfaits ?» «Je pleure mais je ne sais pas si c'est de joie ou de douleur.» «On n'attend pas un miracle, mais on a mérité un peu de répit.»

Ces commentaires contrastent avec l’élan qui, il y a quatre ans, avait animé le mouvement vert. Quelques photos des victimes de la répression font timidement surface, les slogans de l’époque réapparaissent à demi-mot. Le souvenir saigne, à vif. On n’oubliera pas de sitôt les milliers d’exilés hagards sur le chemin de l’Europe ou de l’Amérique, les martyrs promus et cachés, pas plus que l’inflation grimpante, les inégalités criantes, la dureté croissante de la répression des dernières semaines. Alors que la rue, à Téhéran, s’apprête à fêter ce moment, à l’étranger, on ne sait plus réagir.

L'annonce de la victoire surprenante du réformateur Rohani au premier tour de l'élection présidentielle en Iran semble semer le trouble dans les réseaux sociaux. Serait-ce parce qu'on n'y croit pas encore ? Les retournements brutaux de la situation politique iranienne, désormais familiers, ne peuvent laisser si vite la place à l'enthousiasme. Et pourtant c'est bien vrai : 18,6 millions de votants, 50,68% des voies, une victoire au premier tour et, surtout, une proclamation officielle. Suite à la réduction drastique du nombre de candidats le 21 mai par le pouvoir religieux, qui avait fait l'effet d'un véritable coup d'Etat de palais, les intentions de vote semblaient privilégier le boycott d'une élection de surface. P