Le gouvernement du Bangladesh pourrait reprendre ou démanteler la Grameen Bank, banque pionnière dans le microcrédit, dont le fondateur, prix Nobel de la paix, est en délicatesse avec le pouvoir, selon les recommandations d'une commission critiquée mardi par des analystes.
Le rapport de la commission gouvernementale, envoyé pour examen à des experts financiers du pays, recommande que l’institution soit divisée en 19 entités, chapeautées par une organisation centrale. L’étude conseille également que les statuts soient amendés pour que l’établissement s’apparente à une banque publique, dont 51 % du capital seraient aux mains de l’Etat.
La Grameen Bank, fondée en 1983 par le prix Nobel Muhammad Yunus, a prêté plus de 11 milliards de dollars à des millions de personnes, souvent des femmes très pauvres, qui n’avaient pas accès aux banques traditionnelles. Les prêts consentis, sans intérêt, leur permettent de développer des petites activités commerciales, artisanales ou agricoles.
«La reprise par le gouvernement d'une institution financière saine détenue par huit millions de femmes pauvres serait un abus de pouvoir extrême» de sa part, a déclaré Muhammad Yunus. «Les options présentées par la commission d'enquête sont totalement hors sujet et impossibles à mettre en œuvre».