Après Istanbul, Rio ? Une marée humaine a déferlé, lundi, dans les rues de douze grandes villes du Brésil pour protester «contre tout et contre tous». A Rio, ils étaient 100 000, à São Paulo, la plus grande ville et capitale économique, 65 000. A Belo Horizonte, au moins 20 000 et à Brasília, la capitale, entre 5 000 et 10 000. Les manifestations, convoquées sur Facebook, ont mobilisé au total 230 000 personnes, en majorité des jeunes. Du jamais-vu depuis la mobilisation de 1992, qui réclamait le départ du président Fernando Collor pour corruption.
Dix ans après l'arrivée du Parti des travailleurs (PT, gauche) au pouvoir, avec Lula puis Dilma Rousseff, «le Brésil se réveille» , comme disent les slogans. Et il a la gueule de bois. «Ce n'est pas la Turquie ! C'est le Brésil qui sort de l'inertie !» scandaient les manifestants.
Le mouvement a commencé à São Paulo, il y a une semaine, avant de gagner tout le pays. Il aura suffi pour enflammer la rue de 20 centimes de real, une poussière d’euro mais le montant de la hausse du ticket de bus et de métro dans la mégalopole brésilienne, passé à l’équivalent de 1,11 euro.
La majoration a été décidée par le maire de la ville, Fernando Haddad, du PT, et le gouverneur de l’Etat, Geraldo Alckmin, de la principale formation d’opposition, le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB). Or, le réseau d’autobus, cédé en concession à des entreprises privées, est aussi cher que chaotique.