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Libération
Interview

«Ils avaient la corde au cou»

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Harouna Toureh, membre du Front patriotique de résistance (FPR), était présent lors des négociations. Opposant aux rebelles touaregs, l’avocat doute de leur sincérité :
Alghabass Ag Intalla, au centre leader de la délégation Ansar Dine à Ouagadougou, le 18 juin 2013. (Photo Ahmed Ouoba. AFP)
publié le 19 juin 2013 à 20h16

L'avocat Harouna Toureh, membre du Front patriotique de résistance (FPR), défenseur des milices - notamment Ganda Koy, un groupe armé d'autodéfense opposé aux Touaregs - basées dans le Nord, a été convié à la table des négociations. S'il a toujours cru à une signature qualifiée par lui de «préaccord», il ne croit en revanche pas «un seul instant», même après dix jours de rudes négociations, à la sincérité du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et du Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA).

Pourquoi n’avez-vous pas confiance dans la signature du MNLA et du HCUA ?

Cela fait vingt ans que les groupes touaregs se jouent du Mali, qu’ils trompent leur monde, qu’ils se transforment en sous-groupes, changent sans cesse d’acronymes. Ansar ed-Dine devient le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA) qui, à son tour, se fond dans le HCUA, qui va fusionner avec le MNLA. On s’y perd, dans ce labyrinthe religioso-politico-mafieux. Mais c’est toujours les pauvres, les moins éduqués qu’on envoie sur le terrain se faire trouer la peau : pas les chefs, très bien formés, qui parlent cinq langues. Ce sont eux qui tirent les ficelles. Ils fascinent Paris qui a pour eux les yeux de l’amour : ah, les hommes bleus…

Mais vous y croyez, à cette signature ?

Le président burkinabé, Blaise Compaoré, et la communauté internationale ont mis la pression sur les groupes touaregs. Ils ont signé parce qu’ils avaient la corde au cou. Ils étaient