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Interview

«Les Brésiliens étaient endormis depuis vingt ans. Ils se réveillent»

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Miguel Lago, jeune cofondateur d'une organisation de mobilisation citoyenne à Rio de Janeiro, explique les raisons du mouvement de contestation.
Une Brésilienne résidant à Mexico réclame «un Brésil avec de l'éducation et de la santé». (Photo Edgard Garrido. Reuters)
publié le 19 juin 2013 à 17h50

Miguel Lago est le jeune cofondateur de l’organisation brésilienne «

» («mon Rio»), une plateforme collaborative en ligne née il y a un an et demi. Son objectif est de mener des campagnes de mobilisation auprès des habitants de Rio pour impulser des changements concrets de politique publique dans l’Etat. Les 80 000 membres de Meu Rio ont par exemple obtenu le maintien d’une école publique vouée à la destruction, ou bien une modification de la Constitution de l’Etat pour limiter l’accès à des hauts postes publics de personnes déjà condamnées pour corruption. L’organisation est bien sûr active dans le

qui a éclaté ces derniers jours. Elle a par exemple mené campagne pour que les gens ouvrent leur réseau wifi sur le parcours des manifs, ou diffusé un «manuel des droits et devoirs du manifestant» pour tenter de limiter les violences.

Les manifestations de ces derniers jours sont les plus importantes au Brésil depuis vingt ans. Pourquoi la mobilisation s’est-elle déclenchée maintenant ?

Le mouvement est parti d’une question très concrète, le prix des bus. Ça paraît anodin mais c’est assez révélateur. Les gens n’en peuvent plus du décalage entre le coût de la vie et la mauvaise qualité des services. Car il s’agit évidemment de bien plus qu’une histoire de bus. D’abord, l’inflation atteint des niveaux impossibles au Brésil. Rio ou Sao Paulo sont aujourd’hui des villes aussi chères que les capitales européennes, sans en avoir la qualité de services : transports, éducation, santé, sécurité... Les gens ne le tolèrent plus. Ils disent aux hommes politiques : «arrêtez de vous foutre de notre gueule».

Dans le même temps, il y a eu une forme de