Pendant des heures, ils restent debout et immobiles. Ils sont là, à quelques centaines, intensément silencieux et défiant les policiers du regard sur la place Taksim, symbole de la contestation, désormais interdite aux manifestations. «Je suis debout, donc je suis», clame une petite affiche manuscrite, tenue par un des protestataires. Les uns regardent vers le centre culturel Atatürk en démolition, où flotte toujours un immense portrait du fondateur de la République. Les autres regardent vers Gezi, le parc dont la police a violemment chassé les occupants samedi soir. «Nous menions une occupation pacifique, ils nous ont matraqués et gazés comme des cafards. Mais nous sommes là», insiste une étudiante, stoïque sous le cagnard, comme des dizaines d'autres activistes mutiques, sans slogan, pour ne donner aucun prétexte à une intervention policière. Des passants déposent à leurs pieds des bouteilles d'eau. Toujours aussi vive, la contestation contre l'autoritarisme puritain du Premier ministre islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, a changé de forme et s'est mise à l'heure de la désobéissance civile. Duran Adam («l'homme debout») en est devenu le drapeau.
Chorégraphe. Cette protestation inédite arrive jusqu'au Parlement à Ankara, où les députés du BDP (Parti pour la paix et la démocratie, en majorité kurde, 29 sièges) sont restés debout pendant que leur porte-parole, Pervin Buldan, clamait : «Les gens qui par