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«On ne parlait que foot, voilà qu’on parle politique»

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Lancé par les étudiants, le mouvement brésilien rallie désormais les conservateurs. Au risque d’être récupéré.
par Chantal Rayes, SAO PAULO, de notre correspondante
publié le 23 juin 2013 à 21h36

«Le Brésil s'est réveillé ! Le Brésil s'est réveillé !» Le mot d'ordre de la révolte populaire, déclenchée il y a deux semaines dans tout le pays, résonne sur la Paulista, la principale avenue de São Paulo. Près de 35 000 manifestants, jeunes et moins jeunes, ont protesté ici, samedi, contre la corruption. Beaucoup étaient en famille. Deborah sourit. Cette éducatrice de 27 ans salue le sursaut citoyen déclenché dans tout le pays par le mouvement d'étudiants en faveur de la baisse du tarif dans les transports urbains. «Au Brésil, on ne parlait que football et soudain, voilà qu'on parle politique, dit-elle. Le peuple découvre son pouvoir. Beaucoup ne savent pas trop pourquoi ils sont dans la rue, mais ils y sont et c'est déjà une victoire.» Plutôt marquée à gauche, la jeune femme s'inquiète pourtant d'un «début de récupération par la droite». Autrement dit, le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), la principale formation d'opposition au Parti des travailleurs (PT) de la présidente Dilma Rousseff. São Paulo est en effet le théâtre privilégié de la rivalité entre ces deux grands partis.

«Chef de gang». Parmi les protestataires, beaucoup sont issus des couches aisées. Ici, des lunettes de soleil griffées, là, un sac de luxe… Des gens qu'on voit mal prendre le bus. La manifestation est censée être «contre tous», alors on évite les étiquettes partisanes. Certains finissent par reconnaître qu'ils vo