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Libération
EDITORIAL

Terreau

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publié le 23 juin 2013 à 21h36

Les démocraties européennes auraient tort de croire qu’un océan les préserve du mouvement de colère qui agite le Brésil. Elles sont même invitées à écouter avec grande attention les propos, parfois confus, des manifestants de Rio de Janeiro, Brasília ou São Paulo. Car ils disent avant tout la colère d’une jeunesse traumatisée par la crise, tétanisée par l’avenir, désabusée et sans la moindre confiance en la politique.

Et, malgré les réalités sociales et politiques qui séparent le Brésil de la France, l’Espagne ou l’Italie, c’est le même désarroi qui accable les jeunes des grands pays occidentaux. Une étude de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) révélait même, en 2011, que les Français de moins de 30 ans étaient parmi les plus pessimistes du monde. Certes, loin des révoltés d’Amérique du Sud ou de Turquie, les jeunes Français et européens se réfugient pour l’heure dans une sorte de résignation et d’indifférence politique. Mais l’histoire du CPE, le contrat premier embauche de Dominique de Villepin en 2006, a montré qu’ils pouvaient eux aussi s’enflammer.

Cette jeunesse autant déprimée que mondialisée mérite d’être au cœur des préoccupations, à Rio comme à Paris. Les politiques doivent leur ouvrir des perspectives précises d’emploi et d’avenir qui dépassent les frontières ; les écouter pour que plus aucun responsable n’ose dire, comme le chef de cabinet de Dilma Rousseff : «Le gouvernement n’arrive pas à comprendre [cette colère].» L’urgence est sociale, économiq