Un parc automobile modernisé, la ruée vers des smartphones derniers cris, des dépenses en produits de luxe toujours plus importantes, une apparente réduction des inégalités sociales. Tout semblait réussir au Brésil, dont le nom figure depuis plusieurs années à côté de la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud ; les Brics, dont la puissance économique toujours plus grande ne cesse de déplacer le centre de gravité du monde. En 2009, à la une du très libéral magazine britannique The Economist, le Brésil était représenté par un Christ rédempteur décollant comme une fusée. Image désormais lointaine et qui oblige nombre d'économistes à regarder dans le rétroviseur des dix dernières années pour tenter de trouver des explications aux immenses manifestations qui se propagent dans les principales villes du pays.
Selon Pierre Salama (1), professeur émérite des universités, «le miracle économique brésilien, tant vanté depuis des années, est en réalité un mythe. Le Brésil est loin d'être un eldorado». Certes, les deux mandats du président Lula (2003-2010) ont changé la donne, en mettant l'accent sur les revenus des plus défavorisés. Ainsi, la Bolsa Familia - allocation remise à près de 12 millions de familles dans la misère en échange de la scolarisation et de la vaccination de leurs enfants - est copiée dans nombre de pays en développement. Mais, à l'instar de Pierre Salama, d'autres observateurs estiment que cette politique redistributive a surtout contribué à di