Douze jours. Douze longs jours avant d'intervenir publiquement alors que les plus grandes villes du pays étaient submergées par le flot des manifestants. La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, est finalement apparue vendredi soir sur toutes les chaînes de télévision pour répondre à une rue qui a dangereusement fait tanguer le pouvoir du Parti des travailleurs (PT, gauche), dont elle est issue. Un peu plus tôt dans la semaine, Gilberto Carvalho, son chef de cabinet, avouait presque béatement que «le gouvernement n'arrivait pas à comprendre» le mouvement. Ce qui explique peut-être que la Présidente a préféré jouer la montre, attendant que les annulations des hausses de tarifs dans les transports - catalyseur d'une vague de contestation inédite depuis un quart de siècle au Brésil - fassent leur effet avant de s'adresser à son peuple.
Ce petit Mouvement pour le libre passage (MPL, qui exige la gratuité dans les transports urbains), né dans la mouvance du Forum social mondial de Porto Alegre en 2005, est venu soudainement ruer dans les «excellents» indicateurs économiques de l’arrogant Brésil. Et a jeté aux yeux du monde la réalité d’une société violente et profondément inégalitaire, malgré les incontestables avancées sociales à mettre au crédit des administrations successives du PT, d’abord sous la présidence de Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2010), puis sous celle de Dilma Rousseff.
Pots-de-vin. En tendant la main aux manifestan