Hier, l'Afrique du Sud était une fois de plus plongée dans une attente interminable, accrochée aux nouvelles inquiétantes sur l'état de santé du héros national. Pourtant, depuis peu, certains commençaient à reprendre espoir : hospitalisé dans un état critique le 8 juin à Pretoria, la capitale du pays, Nelson Mandela n'allait-il pas se montrer une fois encore plus fort que la maladie ? Ses proches et ses anciens camarades de lutte semblaient, ces derniers jours, plus optimistes sur l'évolution de son infection pulmonaire. Mais, dimanche, un communiqué publié par le cabinet du président sud-africain, Jacob Zuma, a fait l'effet d'une douche froide en annonçant que «Madiba», comme l'appellent les Sud-Africains, se trouvait désormais «dans un état critique». Jamais un communiqué officiel ne s'était montré aussi alarmiste sur l'état de santé du héros de la lutte anti-apartheid depuis son admission à l'hôpital.
Tabou. «Peut-être est-il temps de le laisser partir ?» lâche Amu Mlondo, une jeune réceptionniste dans un hôtel du centre de Pretoria. «Ce sera une grande perte pour tous, mais il est très âgé et il faut accepter la réalité.» En Afrique du Sud, évoquer la mort de quelqu'un reste un tabou. Mais les hospitalisations de plus en plus fréquentes de Nelson Mandela - quatre fois au cours des six derniers mois - ont fini par susciter une certaine résignation.
«Maintenant, c'est à Dieu de décider s'il veut le rappeler