Le Rio Turbio est pratiquement à sec et les terres caillouteuses qu'il irriguait sont en friche. Pas à cause des conditions climatiques, selon Juan Cotua, le gérant de l'hacienda Botucal, dont le troupeau de 1 500 bovins est destiné pour moitié à la boucherie et pour l'autre à la production laitière. A la sortie de Barquisimeto, une grosse ville située dans l'Etat de Lara, à quelque 350 kilomètres au sud-est de Caracas, 5 000 hectares de terres agricoles ont en effet été expropriés ces sept dernières années par l'ex-président Hugo Chávez. «Sous prétexte qu'elles n'étaient pas cultivées, précise Juan. Mais depuis, la nature a repris ses droits et elles ne sont pas plus exploitées qu'avant !» Elles n'ont surtout pas été redistribuées à des petits paysans et sont venues s'ajouter aux 3,8 millions d'hectares de terres arables réquisitionnés par le gouvernement chaviste depuis son arrivée au pouvoir, en février 1999, qui ont eux-mêmes rejoint les 12 millions d'hectares déjà dans le portefeuille de l'Etat. Une grande partie de ces prises de guerre sur les latifundios, les grands propriétaires qui ont la fâcheuse tendance à laisser leurs biens en jachère, attend toujours d'être remise en production.
Pendant ce temps, le Venezuela procède à des importations massives de produits alimentaires pour satisfaire les besoins d'une population dont le niveau de vie - notamment chez les plus humbles - a incontestablement progressé ces dix dernières années grâce aux p