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TRIBUNE

Brésil : moins d’opium sportif, plus de politique

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par Michel Caillat, Professeur d’économie (Orléans) et Marc Perelman, Professeur en esthétique (Nanterre)
publié le 25 juin 2013 à 20h16

Pour comprendre la genèse des manifestations de ces dernières semaines au Brésil, on a parlé de l’augmentation des tarifs des transports, suivi de revendications autour de la santé, de l’éducation, ou bien contre les privatisations. Toutefois, parmi ces analyses, il manque un élément qui nous semble décisif : le rôle politique du football, avec notamment, la stratégie dictatoriale de la Fédération internationale de football (Fifa), organisatrice de la prochaine Coupe du monde de football en 2014 au Brésil.

Le 28 mars 2012, après une longue bataille parlementaire, l'Etat brésilien a fini par accepter la Lei Geral da Copa mise en œuvre par la Fifa. Cette «loi générale de la Coupe» impose des jours fériés aux villes hôtes lors des matchs de l'équipe du Brésil, diminue le nombre de places et augmente leur prix pour le public populaire, autorise les boissons alcoolisées dans les stades. L'interdiction légale de vente dans les enceintes brésiliennes est levée pour préserver le juteux contrat de la Fédération internationale avec la multinationale Anheuser-Busch, fabricant de la bière Budweiser, l'un des principaux sponsors de la compétition.

La loi générale exempte également d'impôts et de charges fiscales les entreprises travaillant pour la Coupe - dont celles qui rénovent ou construisent les stades -, interdit la vente de toute marchandise dans les «lieux de compétition officielle (article 11), dans leur entourage immédiat et leurs voies d'accès principales»