Ricardo Antunes est professeur de sociologie à l’université de Campinas (Etat de São Paulo). Il décrypte la mobilisation populaire, déclenchée par la hausse du tarif des transports urbains, qui fragilise le gouvernement de Dilma Rousseff (Parti des travailleurs) tout comme l’opposition.
Que signifie cette révolte populaire ?
Que la crise de la représentation observée ailleurs n’épargne pas le Brésil. Il y a un fossé abyssal entre les Brésiliens et leurs représentants. Ils ne se sentent même plus représentés par les partis de gauche. Il ne leur restait plus d’autre choix que de prendre la rue. Des mouvements comme celui des Indignés espagnols ou le Printemps arabe leur ont montré la voie. Le discrédit frappe le gouvernement fédéral, mais aussi tous les maires et gouverneurs, sans parler du Congrès, dont le toit a été occupé par les manifestants. Le Parlement est l’institution la plus honnie. S’ils le pouvaient, les Brésiliens l’auraient carrément fermé, au sens propre du terme, tant les députés sont assimilés aux combines et à la défense d’intérêts puissants.
Qui sont ceux qui protestent ?
La mobilisation déclenchée par les étudiants de gauche [qui réclamaient la baisse du tarif du billet de bus à São Paulo, ndlr] a rapidement atteint les masses faiblement politisées. La plupart des manifestants sont des jeunes - essentiellement des étudiants - et vont dans la rue pour la première fois. Ce n'est pas parce que certains ont obtenu une de ces bourses d'études, distribuées par le gouvernement dans les universités privées, qu'ils sont content