Menu
Libération
TRIBUNE

Femen : qui sont les néocolonialistes ?

Article réservé aux abonnés
Femen, la guerre des «sextrémistes»dossier
par Jean Zaganiaris, Politologue, enseignant chercheur au Centre de recherche sur l’Afrique et la Méditerranée (Ceram) et à l’Ecole de gouvernance et d’économie de Rabat (EGE)
publié le 25 juin 2013 à 20h16

Aujourd’hui, pas mal de voix réagissent publiquement pour condamner les actes des Femen, notamment sur les réseaux sociaux. Si leur mouvement ne va pas sans poser problème, que ce soit au niveau des propos acerbes émis à l’encontre des travailleuses du sexe ou de la pornographie ou des actions menées dans des lieux de culte religieux, il ne s’agit pas pour autant de jeter le bébé avec l’eau du bain et d’occulter les interrogations que soulève leur présence dans l’espace public.

C'est principalement sur les actes entrepris avec des personnes arabes telles qu'Amina Tyler ou la blogueuse égyptienne Aliaa Magda el-Mahdi ainsi que sur le topless effectué sur le territoire tunisien que l'on focalise l'attention, et que l'on parle d'ingérence ou de néocolonialisme. Dans un texte paru dans le Monde, Sara Salem écrit : «Les récentes interventions des Femen en Tunisie montrent à quel point elles sont déconnectées de la réalité des contextes proche-oriental et nord-africain. Au lieu de favoriser la prise de conscience des problèmes de genre, elles suscitent l'hostilité d'une société qui ne les voit que comme des étrangères cherchant à imposer leur conception des femmes, dans le droit fil du processus colonial d'autrefois.»

Ces propos posent problème à plusieurs niveaux. D’une part, ils sont repris par pas mal d’étudiants ou d’enseignants européens eux-mêmes déconnectés des rapports de force existant au sein de ces pays entre les jeunes aux aspirations libertaires et les