Hier encore, l’Amérique célébrait ses lanceurs d’alerte comme autant de remparts de la démocratie. Les temps ont changé et les plus célèbres de ceux qui ont dénoncé les dérapages intervenus dans le pays depuis les attentats du 11 septembre 2001 sont désormais stigmatisés, quand ils ne sont pas poursuivis en justice.
Bradley Manning L’idéaliste
A 25 ans, Bradley Manning est accusé d’être la source de la plus grande fuite de l’histoire de l’armée américaine, à savoir des milliers de documents confidentiels envoyés à WikiLeaks, parmi lesquels la vidéo d’une bavure de l’armée américaine datant de 2007, qui montre un hélicoptère tirant sur une douzaine de personnes, dont deux employés de l’agence Reuters, ou encore une vidéo de 2009 où l’armée fait feu sur 140 civils en Afghanistan.
Les faits remontent à mai 2010. Le jeune soldat originaire d'Oklahoma, gay, est alors déployé à Bagdad, en Irak, comme analyste de données. Sauf que l'armée le déçoit, il est perturbé par les informations secrètes auxquelles il a accès. Il entre en contact avec le hacker américain Adrian Lamo, se confie, dit disposer d'une base de données «revenant sur un demi-million d'événements» montrant «comment le premier monde exploite le tiers-monde». «Je sens, pour quelque étrange raison, que ça peut changer quelque chose.» Quelques jours plus tard, Adrian Lamo le livre au FBI. Bradley Manning est désormais poursuivi par la justice américaine pour «collusion avec l'ennemi». Son procès s'est ouvert le 2 juin sur l