Elles en ont marre des «vieux schnocks», des «vieux bouffons» et des «vieux machos» d'une classe politique terne au Japon. Et depuis novembre, elles ne cessent de le répéter avec la volonté réjouissante de faire des courants d'air dans une société traditionaliste où modération et discrétion restent de mise. Elles sont juristes, professeures, institutrices, femmes de ménage ou mères au foyer, et se sont trouvées une maison commune en fondant le Parti national des vieilles ménagères (obachan) qui ressemble plus, en fait, à un groupe de pression de joyeuses pétroleuses du XXIe siècle.
En multipliant les appels, les conférences et en squattant surtout les réseaux sociaux ces dernières semaines, ces militantes touche-à-tout ont été en pointe dans la critique des maux et travers de la classe politique nippone. Le populiste maire d'Osaka, Toru Hashimoto, en a fait les frais fin mai. Ses propos pathétiques sur la «nécessité des femmes de réconfort» dans les bordels de l'armée impériale durant la Seconde Guerre mondiale ont été traduits en 12 langues par les obachan et propagés en ligne, contribuant à une vaste condamnation internationale. «Si on proteste au Japon, les hommes, les politiques n'écoutent pas, explique Mana Shimaoka, professeure de droit pénal a l'université d'Osaka. Alors on a décidé de raconter ce qui se passe aux étrangers.» Elles ont joint leurs voix aux autres organisations féministes