Même s’il y a eu un retour au calme ces dernières semaines, le Bangladesh reste un pays au bord de la crise de nerfs. Les condamnations successives d’opposants islamistes - jugés par un tribunal chargé de traquer les auteurs présumés de crimes de guerre pendant la lutte pour l’indépendance contre le Pakistan en 1971 - nourrissent une tension meurtrière.
Milices. La situation est exacerbée par la perspective des élections législatives, prévues en décembre 2013 ou janvier 2014. Principal parti d'opposition, le BNP (Bangladesh Nationalist Party), associé aux islamistes du Jamaat-e-Islami et à ceux plus radicaux du Hefajat, a organisé plus de trente jours de grève générale depuis le début de l'année. Les affrontements avec la police ont fait plus de 150 morts depuis le premier verdict, le 21 janvier. Dans les procès en cours, neuf des accusés sont des islamistes ou des membres du BNP qui, opposés à l'indépendance, dirigeaient dans les années 70 des milices pro-pakistanaises coupables de nombreuses exactions : la guerre a fait au moins entre 300 000 et 500 000 morts, sans compter les viols. Ces responsables ont, après 1971, investi le paysage politique sans rendre de comptes. Le pouvoir leur en demande.
Pour les juger, il a créé une cour spéciale, pompeusement baptisée «tribunal international des crimes», qui ne respecte pas tous les critères en vigueur en droit international. L’opposition accuse la Ligue Awami au pouvoir de s’en servir pour se