Il y a quelque chose de brisé dans le rêve brésilien. Partout dans le pays, des centaines de milliers de citoyens remettent en question avec force la gouvernance et le modèle de développement de leur pays. Ce mouvement doit nous inspirer lorsqu’il dénonce la mégalomanie d’une classe politique qui, après avoir amélioré la vie de millions de citoyens, se met à confondre développement et béton, progrès et gigantisme, au détriment des plus fragiles. Ouvrons grand les yeux car, la jeunesse des grandes villes n’est pas la seule à contester cet aveuglement.
Au même moment, à l’autre bout du pays, des milliers de Brésiliens - principalement les Indiens de la tribu des Kayapos - tentent de défendre leur mode de vie face au déferlement des bulldozers. Tels des soldats du progrès forcé, une fourmilière de 15 000 ouvriers sous-payés s’attelle à la construction d’un projet pharaonique, le méga barrage de Belo Monte.
Le compte à rebours avant le drame est lancé : plus de 660 km2 de terres inondées, dont 400 km2 de forêt primaire en territoire autochtone, 20 000 personnes déplacées et une biodiversité unique ravagée. Tel est le bilan que nous aurons à déplorer si ce projet prétendu «écologique et moderne» était mené à son terme.
En tant que parlementaires européens, nous ne pouvons ignorer ce qui s’y passe. Parce que la catastrophe écologique nous concerne directement, mais aussi et surtout parce nous sommes impliqués dans ce non-sens par la voie d’entreprises e