Un an tout juste après son investiture, le chef d’Etat égyptien pouvait rêver meilleur anniversaire que cette foule immense venue sous sa fenêtre l’exhorter à «dégager». Des opposants en colère présents pour lui rappeler qu’en un an de mandat il n’a pas réussi à s’imposer comme le président de tous les Egyptiens qu’il entendait devenir.
Le pari n’était pas gagné d’avance, et il semble aujourd’hui perdu. En juin 2012, Mohamed Morsi n’avait remporté l’élection présidentielle que d’une courte tête (51,73%) face à Ahmed Chafik, candidat de l’ancien régime, à l’issue d’une campagne mouvementée qui avait mis en lumière les fractures d’une société égyptienne divisée autour de deux axes principaux : révolutionnaires contre ancien régime, islamistes contre libéraux. Ces fractures n’ont pas disparu, et tout laisse penser que la seconde s’est creusée au cours de cette année de mandat. Car, au-delà de ceux qui le haïssaient d’avance, Mohamed Morsi a déçu une bonne partie de ceux qui l’avaient soutenu.
Et d'abord, les nombreux citoyens pas vraiment politisés qui ont élu le candidat du parti le plus structuré, en attendant de lui ordre et prospérité. Lors de son discours d'investiture, Mohamed Morsi avait mis l'accent sur cinq priorités : la sécurité, les carburants, le pain, la propreté et la circulation. Un an plus tard, rien n'a été réglé, les problèmes d'insécurité semblent plus importants que jamais, les rues des grandes villes restent sales et embouteillées, les files d'attente s'allo