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Libération
TRIBUNE

Rio, Istanbul et le convivialisme

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par Alain Caillé, Ahmet INSEL, professeur émérite à l’université de Galatasaray (Istanbul), Gustave Massiah, Economiste altermondialiste, cofondateur des forums sociaux mondiauxet, Patrick Viveret, Essayiste, Christophe Fourel, président de l’Association des lecteurs d’Alternatives Economiques et Paulo Henrique Martins, (Recife, Brésil) président de l’Association latino-américaine de sociologie
publié le 30 juin 2013 à 21h16

Le plus étonnant mais aussi le plus révélateur dans les énormes manifestations qui secouent le Brésil ou la Turquie actuellement, c'est l'étonnement des pouvoirs en place, qu'ils soient de droite ou de gauche. Comme l'avoue Gilberto Carvalho, le chef de cabinet de la présidente du Brésil, Dilma Roussef, «le gouvernement n'arrive pas à comprendre ce qui se passe». De même, en Turquie, Recep Tayyip Erdogan ne sait pas voir ou ne veut pas voir dans les soulèvements de la jeunesse urbaine, autre chose que le résultat d'un complot de l'étranger. Que se passe-t-il ? Vers quoi tendent ces mouvements ? Pour esquisser une réponse à cette question, il faut à la fois les mettre en relation avec les mouvements similaires qui les ont précédés, expliquer pourquoi ils ne sont guère intelligibles dans le cadre des catégories politiques héritées, et commencer à dégager la perspective dans laquelle ils peuvent commencer à faire sens, non seulement dans une logique de contestation ou de désespoir, mais comme annonciateurs d'alternatives politiques souhaitables et plausibles.

De toute évidence, même si le contexte politique, économique et culturel est à chaque fois différent, il y a plus qu’un air de famille entre les mouvements des Indignados ou Occupy Wall-Street, les printemps arabes, et ceux qui font l’actualité au Brésil ou en Turquie. Selon les cas, l’accent est plus ou moins mis sur la misère et la dégradation des conditions matérielles d’existence, ou sur la question des liberté