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Libération
Interview

«En France, nous faisons la même chose»

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Pour François Géré, de l’Institut d’analyse stratégique, il existe «une forme d’acceptation tacite» entre Etats.
publié le 1er juillet 2013 à 22h26

Président de l’Institut français d’analyse stratégique, François Géré décrit un système d’espionnage et de surveillance devenu incontrôlable.

D’après Der Spiegel, les Américains espionnent massivement leurs alliés et amis. Est-ce une surprise ?

Dans ce domaine, il n’y a pas d’allié ni d’ami. On coopère ponctuellement sur des sujets d’intérêt communs, sans jamais dévoiler ses sources ni les moyens utilisés pour obtenir le renseignement. Ce fut même le cas entre Américains et Chinois sur l’Union soviétique à l’époque de la guerre froide. En réalité, nul n’ignore que les ambassades, partout dans le monde, sont truffées de micros. C’est pour cette raison, d’ailleurs, qu’on a mis en place dans nos représentations une chambre confinée, a priori impénétrable, pour communiquer sans être entendu : une sorte de cage de Faraday.

Le problème, c’est ensuite de communiquer avec l’extérieur sans être intercepté…

On sait que la NSA a la capacité d’intercepter toutes les communications, y compris dans le cyberespace. Voire même dès le départ, grâce aux failles qui sont introduites délibérément dans les logiciels informatiques que nous utilisons, et qui sont très difficilement repérables. Cela peut prendre parfois des années ! L’Union européenne, qui ne dispose pas de ses propres instruments informatiques, ni de service de contre-espionnage, est très vulnérable. Rendez-vous compte que le ministère français de la Défense, qui a entrepris la rénovation de ses systèmes informatiques, a choisi… Microsoft.

Comment fonctionne concrètement ce système d’interception mis en place aux Etats-Unis ?

Par mots-clés. Souvent des noms propres : ceux de dirigeants de premier plan, des élus américains, de chefs terroristes, etc. Ils varient en fonction du temps. Par exemple, en c